Sous de fausses moustaches, des femmes dénoncent les inégalités de genre sur LinkedIn

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Sous de fausses moustaches, des femmes dénoncent les inégalités de genre sur LinkedIn.

Washington (AFP) - En changeant leur paramètre de genre en "homme" et portant de fausses moustaches sur leurs photos, de plus en plus de femmes défient ce qu'elles dénoncent comme un biais sexiste des algorithmes du réseau social professionnel LinkedIn. 

Des utilisatrices ont commencé à affirmer le mois dernier qu'afficher une identité masculine sur ce site de réseautage professionnel avait considérablement accru leur visibilité, déclenchant une réaction en chaîne.

Certaines ont changé leur nom - Simone devenant Simon -, remplacé leur pronom "elle" par "il", ou même utilisé l'intelligence artificielle (IA) pour réécrire leurs anciennes publications avec un ton plein de testostérone qui, selon elle, attirerait mieux l'attention de l'algorithme. 

Par humour, certaines arborent une fausse moustache sur leur photo de profil. 

Pour quel résultat ? Beaucoup de femmes assurent que leur visibilité et les interactions de leur audience sur LinkedIn ont grimpé en flèche. Jusqu'ici calmes, les espaces commentaires sous leurs publications sont soudain devenus très animés. 

"J'ai changé mon pronom sur LinkedIn et, sans intervenir, j'ai battu mes propres records d'engagement" - c'est-à-dire le nombre de mentions "j'aime", les commentaires, les partages de publications, etc. - a ainsi écrit Jo Dalton, entrepreneure et investisseure basée à Londres, ajoutant que ce changement avait augmenté sa visibilité de 244%.

"Me voici donc avec une moustache collée, par pur intérêt scientifique, afin de voir si je peux tromper l'algorithme en lui faisant croire que je suis un homme", explique-t-elle. 

- "Disparités entre les genres" -

Lorsqu'une journaliste de l'AFP a changé ses paramètres pour se grimer en homme, les données analytiques de LinkedIn ont révélé que la portée de plusieurs de ses publications avait augmenté par rapport à la semaine précédente, enregistrant des milliers de clics supplémentaires. 

Ces expériences sur LinkedIn reflètent les "disparités entre les genres" vécues de longue date par les femmes actives, indique Malin Frithiofsson, directrice générale de Daya Ventures, qui développe et finance des startups spécialisées dans la santé des femmes et est basé en Suède. 

LinkedIn a rejeté toute accusation de sexisme inhérente à son fonctionnement. 

"Nos algorithmes n'utilisent pas le genre comme critère de classement, et le fait de changer de genre sur votre profil n'a aucune incidence sur la façon dont votre contenu apparaît dans les résultats de recherche ou le fil d'actualité", a déclaré un porte-parole de LinkedIn à l'AFP.

Les femmes qui ont vu leur visibilité poussée vers le haut plaident dorénavant pour plus de transparence sur le fonctionnement de l'algorithme, largement opaque, ainsi que ceux d'autres plateformes, qui mettent en avant certains profils et réduisent la portée d'autres. 

- "Concurrence" -

"Je ne pense pas qu'il y ait une ligne de code dans le système technique de LinkedIn qui dise si femme < promouvoir moins", a écrit Mme Frithiofsson dans un message publié sur la plateforme.

Mais "est-ce que je pense que des biais sexistes peuvent émerger des données saisies, des bulles algorithmiques et des normes culturelles traditionnellement associées à ce que doit être une voix professionnelle ? Oui. Absolument", avance-t-elle. 

Sakshi Jain, responsable de la sécurité, de la confidentialité et de la gouvernance de l'IA chez LinkedIn, a déclaré dans une publication que les systèmes d'IA et les algorithmes de la plateforme prennent en compte "des centaines de facteurs", comme la taille du réseau ou l'activité d'un utilisateur pour déterminer la visibilité de ses publications.

Et l'augmentation du volume de contenu publié en ligne a également créé davantage de "concurrence" pour attirer l'attention, selon elle.

Cette explication a été accueillie avec scepticisme sur le site de réseautage, où une plus grande visibilité peut apporter de meilleures opportunités de carrière ou des revenus plus élevés.

Rosie Taylor, une journaliste basée au Royaume-Uni, dit avoir constaté que la visibilité accrue de son profil "en étant un +homme+ pendant une semaine seulement" avait fait bondir le nombre de visiteurs uniques de sa newsletter de 161% par rapport à la semaine précédente.

Cela a entraîné une augmentation de 86% des nouveaux abonnements hebdomadaires via LinkedIn.

"Qui sait quel succès j'aurais pu rencontrer si l'algorithme m'avait considérée comme un homme dès le départ ?", s'interroge-t-elle.

This article was published Friday, 5 December, 2025 by AFP (671 words)
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Le logo visible de l'extérieur d'un bureau LinkedIn le 26 juillet 2023 à San Francisco, en Californie - JUSTIN SULLIVAN (AFP)

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